Les Echos, 15 avril 2022
Auteur : Joël Cossardeaux
Une étude du ministère de la Transition écologique chiffre à 7.500 euros en moyenne par an le gain sanitaire et social généré par la rénovation d'un seul des 1,3 million de logements considérés comme les pires « passoires énergétiques ».
Les occupants des logements les plus énergivores, en
particulier les ménages à faibles revenus, sont exposés à un risque accru pour
leur santé lié aux températures intérieures basses, selon une étude du
ministère de la Transition écologique. (Francois HENRY/REA)
Le surcoût de chauffage des logements les plus mal isolés
- les « passoires énergétiques » - va de pair avec la prise en
charge de pathologies que leurs occupants modestes développent à cause du
froid. Une toute nouvelle étude du ministère de la Transition écologique
en fait la démonstration, chiffrant le coût sanitaire et social inhérent à un
logement malsain à 7.500 euros par an. Une somme qu'une rénovation menée
en bonne et due forme ferait, à l'inverse, économiser à la société, selon ses
calculs.
Un peu plus de 5 % (400 euros) de l'économie
occasionnée par ce type d'opération pourrait ainsi être obtenue sur les
dépenses de santé, près de 20 % (1.400 euros) sur celles liées à
l'« amélioration du bien-être » et les trois-quarts
(5.700 euros) sur la perte sociale due à la mortalité de certaines
pathologies.
Syndrome coronaire aigu
Seraient ainsi évitées de grandes dépenses hospitalières et ambulatoires,
ainsi que les indemnités journalières. Les montants imputables aux passoires
thermiques atteignent 21.000 euros sur les 50.000 euros que coûte un
syndrome coronaire aigu sans décès. Cette maladie représente 17 % des
effets de santé attribuable à des températures intérieures basses.
Des « sous passoires thermiques »
La réduction de la durée de vie dans un logement mal isolé coûte 3,42 millions d'euros à la société sur un coût total de 3,4 millions dans le cas d'un syndrome coronaire aigu entraînant la mort (3 % des pathologies). Ce dernier chiffrage se fonde sur "la valeur d'une vie statistique" (3,43 millions d'euros) établie par la commission Quinet.
En tout et pour tout, selon cette étude, c'est une dépense
santé de près de 10 milliards d'euros par an que la rénovation thermique
permettrait d'éviter, en maintenant la température intérieure à un niveau sain,
et en éliminant les problèmes pathogènes d'humidité et de moisissure. Ce
montant économisé se rapporte à 1,3 million des 4,8 millions de
logements affichant la note F ou G sur leur diagnostic de performance
énergétique (DPE).
Cette sous-catégorie de « passoires
énergétiques », à la limite de l'insalubrité, « présente un risque
santé significatif pour les occupants », estiment les experts du ministère
de la Transition écologique. Toujours selon leurs estimations, « la
probabilité moyenne qu'un occupant souffre d'un problème de santé dans les
douze prochains mois est de 1 sur 18 ». Un risque que seule une rénovation
globale peut permettre d'éliminer efficacement. Si l'opération n'est que
partiellement conduite, « 20 % environ des effets avant rénovation
subsistent », selon l'étude.